Onde de résonance d’une journée dans les écoles de Sainte Croix en Quint et Vassieux en Vercors

Atelier à l'école de Sainte Croix en Quint

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Pour faire le dessein d’une transhumance poétique
Il vous faut commencer par réunir quelques enfants accompagnés d’adultes éclairés. Vous prendrez le temps de vous installer en cercle, parce que c’est la forme qui permet à chacun.e de se trouver à égale distance du centre. Vous apporterez quelques photos pour réveiller l’imaginaire enfantin. Certain.e.s y verront des jardiniers rêveurs ou un homme souhaitant voler avec les vautours. N’oubliez pas de nettoyer votre voix avant la rencontre, jusqu’à ce qu’elle soit claire comme l’eau de la rivière et que coule l’hymne de la transhumance jusqu’à étancher leur soif d’émerveillement. Les mots et les notes feront résonner les cœurs, et c’est là que naît le chemin.

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Samedi 23 janvier 2021 : Aventure humaine par temps de neige

 

Ce matin là, la terre était blanche sous nos pas et les traces de cerfs encore fraîches. Nos pensées virevoltaient avec les flocons. Et le chant de la transhumance s’incarnait à chaque pas. Une nouvelle page était à écrire, la neige nous invitait à nous le rappeler. Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie. Au dessus du précipice, nous avons imaginé le pas des ânes. Les paroles partagées hier avec Stéphane revenaient par bribe. L’important, c’est l’aventure humaine. Sous la terre, on rencontre l’humilité face aux éléments, ou alors on sait qu’on risque la mort. Les ânes n’aiment pas trop le vide.

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Un cairn posé sur le chemin de Traverse

L’évasion a eu lieu.

Ce dimanche 13 septembre 2020, nous étions quelques un-es sur le quai de gare à 10h34, prêt-es à sauter à Vif. Nous avons voyagé en immersion sonore au rythme des paysages traversés par le train Grenoble-Clelles, à l’écoute des trésors sonores récoltés ici et là depuis un an. Nous nous sommes échappés le long du jardin de Norma. Nous avons savouré quelques gorgées du Mont Aiguille à l’ombre de la prairie en écoute Olivier nous parler de la pie grièche. Nous avons suivi les pas de la grande Berthe sur la route du sel du Vercors. Nous avons parcouru le chemin des photos parsemées dans le paysage. Nous avons écouté les histoires naturelles de David et dégusté les vers au goût de noisette. C’était bon.

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EVASION – CLELLES – 13 septembre : J – 1

Aujourd’hui, ne pas oublier de laver les nuages.

Au dedans comme au dehors. Accueillir ce qui traverse. Avancer pas à pas. Sous la forêt sans âge, entendre le chant de la rivière qui sourde, et sentir couler l’eau sur les joues. Laisser fleurir les éclats de rires au détour des chemins. Les émotions, c’est comme les nuages, ça se transforme. Marcher et renoncer. Inviter le silence. Ecouter les sons dans la prairie et guetter la pie grièche. Laisser vivre les résonances, sentir toutes nos rencontres portant nos pas. Nous voilà prêtes.

EVASION – CLELLES – 12 septembre : J – 2

Prendre de la hauteur, cela ne se fait pas tout seul. Il ne suffit pas de quelques barreaux d’échelle pour s’élever. Ni de mettre de bonnes chaussures, ou de prier les anges qui ouvriraient leurs ailes pour vous transporter. Cela se fait pas à pas.

Entre chaque pas, il y a le temps de respirer, de poser ses mains sur le cadre, de sentir son poids peser sur ses appuis et la présence de celui qui ancre l’échelle sous vos pieds. Il y a la verticalité de l’autre grande femme et le regard qui se rassemble. Il y a la confiance qui se construit mur après mur.

Et le Mont Aiguille qui veille.

Comment Jacob vivait-il l’ascension de son échelle? Qui veillait sur lui? Se répétait-il comme un mantra : le mieux est l’ennemi du bien? Ou jusqu’ici tout va bien?

En 2050, on aurait créé une échelle télescopique qui se déploierait jusqu’en haut du Mont Aiguille. On y monterait les jours de grand vent pour y cueillir quelques graines du désert. On les emmènerait jusqu’au soleil pour qu’elles se réchauffent. Juste avant de se brûler les ailes, on redescendrait jusqu’au dernier barreau. On enlèverait nos chaussures et on se laverait les pieds dans l’eau pure de la grotte de Choranche. On savourerait ensemble le temps de se désaltérer en libérant les amours en cage.

EVASION – CLELLES – 11 septembre : J – 3 –

Revenir.

Partir pour mieux revenir. Dans la zone d’activités, retrouver nos repères. Prendre le temps de se rappeler à la mémoire des gens du lieux. Frapper à la porte. Monter timidement l’escalier. « Oui, je me souviens bien de vous. Alors c’est le jour J ? Pas de problème, je vous ouvre la porte. » Sortir le seau de colle et les pinceaux. Découper la tarlatane. Trouver les points d’eau. Apprivoiser les supports. Sentir nos coeurs battre de voir les visages apparaître en grand sur les murs. « Ah mais c’est Norma, elle est magnifique. » Cela prend forme sous nos yeux. Cela devient palpable pour eux. Les relations se tissent.

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Sept jours dans le Trièves

Un TER annulé et quatre empruntés. Quelques heures de stop et une douzaine de voitures qui se sont arrêtées. Mettre le masque, enlever le masque. Deux maisons habitées. Une gare arpentée en tout sens. Une foret traversée la nuit. Une bonne brassée de rires et quelques chevilles enflées. Deux marchés, 5 pots du divin fromage blanc de Camille, des fleurs dégustées en gare. Six aventures photographiques et 14h d’enregistrement sonore. Quelques café-terrasse au Café des sports et 4 bains de pieds en fontaine. Une quarantaine de personnes rencontrées. Mille et un coup de cœur. Des heures de concertation, discussion, coordination, organisation, phosphorisation, imagination, marche d’exploration, demande d’autorisation, création. Une conversation entre un troupeau de vaches et une fanfare. Des paysages en cinémascope. Une comète attrapée dans l’objectif à 23h30 sur la route de Monestier du Percy au Percy. Une centaine de « Ah, ça c’est la magie du Trièves! » et de « Faut vraiment que vous la rencontriez, c’est un vrai trésor ».

Un gros pincement de cœur au moment de partir. Le temps du train-retour pour intégrer tout ça.  

RDV le 13 septembre pour EVASION(S), où nous partagerons nos récoltes en images en sons et en mots

IMMERSION #3 : Retrouvailles avec le Royans

12 – 17 Juin,
Pont-en-Royans, Malleval en Vercors, Choranche, Saint Jean en Royans

REVELATION

Les culs posés dans l’herbe tendre, non pas étendus amoureusement dans la voix de Michel Simon, mais le dos tendu, les bras tenant nos genoux et nos têtes tournées vers le ciel, nous attendons. Aujourd’hui ce n’est pas les vautours que l’on guette, c’est le soleil. La course lente des nuages ombre la page blanche d’Olivier, le temps s’étire en silence. Pendant que les choucas font leur danse de fin d’après-midi, Olivier trace dans un sillon d’encre noire la résilience de la pie grièche. Les nuages se déchirent. Olivier monte sur le tas de pierres, pose le stylo et prend sa pince de forge. Madga court dans la pente. Déborah fixe le soleil pour l’accrocher à la prairie. C’est une course contre le temps, pas celui de la montre, celui du ciel : s’asseoir, attendre, se figer dans l’intensité de l’instant, pister le moment, et dans la fulgurance de la couleuvre ou du faucon fondre sur sa proie.
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EQUARRISSAGE : à la frontière du monde sauvage

Michel enlève ses gants rouges et les jette derrière son siège. Il inscrit dans les cases les numéros des trois brebis qu’il vient de porter avec l’aide du berger. Leur peau est bleue. Elles sont là depuis trois jours. Sur l’une d’elles, le loup a avancé le travail des vautours. Pendant qu’entre les quatre planches de la remorque les vers prennent leur part, nous repartons. Je regarde en arrière : quelques pattes dépassent et derrière le nuage de mouches, l’oeil humide du berger. Je tourne le dos à l’étrange cargaison qui nous poursuit. Mon regard est attiré par le rouge au sol, celui des lanières des nu-pieds de Magda qui est assise à ma gauche, laissant sa peau nue proche de frôler les gants rouges que Michel enfile systématiquement pour transporter les bêtes.

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IMMERSION *2

5-6-7 Février 2020 : ROYANS

AU PAYS DES ENGIVANEURS
Engivaneur : Mot du jargon du Piémont du Vercors désignant les hommes et les femmes ingénieux, bricoleurs et créatifs qui savent s’adapter. Engivaner : adapter son outil à ce que l’on souhaite fabriquer. Bricoler de façon ingénieuse. Imaginer, inventer, construire quelque chose de particulier, mais aussi tramer. Tramer : Disposer, entrelacer les fils de la trame avec ceux de la chaîne tendus sur le métier à tisser.


Rudy : son trésor forestier

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