En ce mardi de printemps, depuis les fenêtres du Mémorial de la Résistance, on pouvait voir tomber la neige à gros flocons. Entre les arbres de Font d’Urle, un petit tapis blanc. Assez fin pour fondre sous le souffle de nos vœux qui appellent le soleil à accompagner la Transhumance.
Par les fenêtres de la classe de La Chapelle, ce sont des trombes d’eau qui se déversent, pendant qu’une ribambelle d’enfants sillonne entre les tables pour regarder les petits bouts de la forêt qu’ils ont colorée à l’encre bleue, jaune et verte. La forêt s’est faite carte postale. Leurs doigts appuient sur la petite bande encollée à l’arrière de la forêt : Et toi, comment tu es né.e ?
A Saint Martin en Vercors, la poésie s’est écrite au crayon blanc sur les vitrines. Hâte toi, Hâte toi de transmettre Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. Nous dit René Char. Il nous invite en commune présence. Nous y serons le 22 mai 2021 à 18h, autour du tilleul de 500 ans d’âge, à côté de la plaque qui rappelle le 3 juillet 1944.
Sur les murs du Mémorial, mon visage plonge dans le noir profond de la grotte de Choranche, les lumières dessinent des arbres derrière les photos d’archives, Magda calcule la juste distance entre les cadres. Sur le Belvédère, me revient ce mois de décembre 2019, où nous regardions le Grand Veymont couvert de neige avec Déborah. Il l’est encore aujourd’hui, ainsi que toute la chaîne du Vercors. Sur la carte en relief, les lieux s’allument. Il y a un an et demi, ce n’était que des noms notés dans mon carnet. Aujourd’hui, derrière chaque nom il y a un visage, un paysage, un souvenir vécu. Le Vercors n’est plus un site emblématique qu’on lit dans les vieux livres d’Histoire, que l’on convoque en rime avec résistance. C’est un monde en marche.
18h, l’accrochage de l’exposition vient de se terminer. Un cri rompt le silence. C’est Hélène : Venez voir! Chacun.e apparaît depuis les différentes salles, se précipite, nous voilà toustes sur le petit pont de bois. Au loin, un arc en ciel. Dessiné comme sur une feuille d’enfant. Il porte toutes ses couleurs, bien visibles. Il s’élance dans toute sa largeur. Et là, en bas dans la vallée, on en voit la source. Elle se trouve au creux d’une forêt. C’est de là que sont sortis tous les trésors du Vercors avant de se disperser.