Prendre de la hauteur, cela ne se fait pas tout seul. Il ne suffit pas de quelques barreaux d’échelle pour s’élever. Ni de mettre de bonnes chaussures, ou de prier les anges qui ouvriraient leurs ailes pour vous transporter. Cela se fait pas à pas.
Entre chaque pas, il y a le temps de respirer, de poser ses mains sur le cadre, de sentir son poids peser sur ses appuis et la présence de celui qui ancre l’échelle sous vos pieds. Il y a la verticalité de l’autre grande femme et le regard qui se rassemble. Il y a la confiance qui se construit mur après mur.
Et le Mont Aiguille qui veille.
Comment Jacob vivait-il l’ascension de son échelle? Qui veillait sur lui? Se répétait-il comme un mantra : le mieux est l’ennemi du bien? Ou jusqu’ici tout va bien?
En 2050, on aurait créé une échelle télescopique qui se déploierait jusqu’en haut du Mont Aiguille. On y monterait les jours de grand vent pour y cueillir quelques graines du désert. On les emmènerait jusqu’au soleil pour qu’elles se réchauffent. Juste avant de se brûler les ailes, on redescendrait jusqu’au dernier barreau. On enlèverait nos chaussures et on se laverait les pieds dans l’eau pure de la grotte de Choranche. On savourerait ensemble le temps de se désaltérer en libérant les amours en cage.